L’avenir des ERPs
Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de d’intervenir sur de nombreux projets de déploiement de progiciels, CRMs ou autre. Parmi tous les types de projets que j’ai pu voir, ceux qui m’ont toujours le plus impressionné étaient les grands projets pluriannuels, le plus souvent d’ERP. Planifiés sur des années, parfois même des lustres, j’admirais avec circonspection leurs plannings de plusieurs mètres de papier fièrement agrafés sur le mur, le plus souvent dans le bureau du chef de projet qui passait ses journées à maintenir son fichier project. Il s’en fallait de l’énergie et du temps pour mener à bien ces projets, mais malheureusement (ou heureusement ça dépend du point de vue) rares sont ceux qui arrivaient à leur fin. La plupart du temps en effet ce type de projet était abandonné en cours ou restait partiellement implémenté, parfois même c’était l’entreprise qui périclitait avant la fin du projet.
Sachant qu’en moyenne, le retour sur investissement d’un projet ERP est compris en 5 et 7 ans, la question est de savoir pourquoi tant d’entreprises démarrent encore ce type de projet de nos jours? Est-ce un héritage culturel du planning quinquennal ou bien est-ce dû aux commerciaux des éditeurs qui ont su bien vendre leur produits?
L’une des leçons de cette crise aura sans aucun doute été de rendre les DSI et les directions métiers beaucoup plus pragmatiques quant à ce genre de déploiements. Ce qui laisse à penser que l’avenir des logiciels d’entreprise ne sera plus basé sur leur richesse fonctionnelle ou l’étendue des métiers qu’ils adressent. Il s’agira en effet de répondre de manière pragmatique et surtout rapide à une problématique business du moment, car personne ne sait de quoi sera fait le lendemain. Les modèles de livraison et de déploiement de ces logiciels doivent donc évoluer pour permettre aux utilisateurs d’être opérationnels non pas en 18 mois ou « le prochain semestre » mais en l’espace de quelques mois.
Le maître mot est donc pour les fournisseurs de développer des architectures et des systèmes qui soient assez flexibles pour pouvoir être adaptés à des besoins qui n’existent pas encore mais aussi pour être déployables rapidement.
Car du côté des entreprises, la grogne monte: nombreux sont les DSIs qui se demandent en effet pourquoi les ERPs sont encore si compliqués à mettre en œuvre et s’il n’existe pas des alternatives notamment dans le monde SaaS. A ce titre la récente remise en cause par Siemens de son contrat de maintenance avec SAP est un exemple parmi tant d’autres.
Trente ans après le début de l’ère informatique, des dizaines de milliers de projets en échec et des milliards d’euros gaspillés, peu de choses ont en effet changé chez les grands éditeurs: les modèles de pricing sont toujours les mêmes, l’innovation est toujours aussi lente, les logiciels sont toujours aussi lourds et complexes. Et l’on entends toujours ce même discours vantant les mérites de déployer toute la suite logicielle d’un seul et même vendeur.
Mais cet idéal a fait long feu, car les SI hétérogènes sont aujourd’hui une réalité, et là où l’on perds en homogénéité, l’on gagne en flexibilité. De nombreuses entreprises ont dépassé leurs idées initiales qui étaient de vouloir faire des déploiements d’un ERP central à toutes leur filiales. En ayant plus d’autonomie dans leurs choix, de nombreuses filiales de grands groupes préfèrent choisir des logiciels moins complexes et étoffés, moins chers et plus rapides à déployer quitte à intégrer ceux-ci avec les ERPs du groupe. La maturité de l’offre middleware simplifie d’ailleurs ces intégrations. Et lorsque SAP R/3 ou autres versions d’ERP répandues arriveront en fin de support, personne ne sait encore si ces grands groupes ne choisiront pas la voie du cloud computing, une voie souvent choisie par les PMEs aujourd’hui.
Car en ayant la chance de pouvoir redémarrer d’une feuille blanche, les éditeurs de logiciels en cloud computing ont pu simplifier leurs logiciels, les rendre plus adaptables et effacer les défauts de leurs aînés qui ont hérité de choix techniques et fonctionnels effectués il y’a parfois plus de 15 ans.
Mais ces logiciels ne sont pas encore prêts pour remplacer les gros ERPs du marché, Gartner prédit une montée en charge progressive des logiciels cloud durant les 5 prochaines années, suite à quoi elles remplaceraient les suites existantes.
En attendant, les nombreux succès des projets de déploiement de logiciels cloud computing ainsi que les nombreux clients satisfaits de ces projets attirent l’intérêt de plus en plus d’entreprises. Gageons que l’année 2010 nous réservera de nombreux tels cas de succès dont nous entendrons certainement parler…